Le complexe fibrosarcome félin, aussi appelé fibrosarcome, correspond à un ensemble de tumeurs cutanées très agressives qui se développent sous la peau et envahissent rapidement les plans musculaires situés en dessous, voire les structures osseuses.
Il s’agit d’une multiplication tumorale de différentes cellules : fibroblastes, chondroblastes, histiocytes. Ces tumeurs sont très fréquentes (12 à 41 % des tumeurs du chat) et concernent des chats de plus en plus jeunes. Elles se localisent souvent entre les omoplates, mais d’autres localisations sont possibles. Elles peuvent être uniques ou multiples.
Le fibrosarcome félin est une tumeur particulièrement agressive et infiltrante localement. Les récidives sont extrêmement fréquentes. Les métastases sont rares (25% des cas) et essentiellement pulmonaires ; cependant les données bibliographiques actuelles tendent à montrer une augmentation de l’apparition de ces métastases (due à une augmentation de l’agressivité des tumeurs ou à une meilleure détection par le biais du développement des nouveaux outils d’imagerie médicale ?).
ORIGINE
De nombreuses hypothèses ont été avancées sur l’origine de ces tumeurs. Pendant longtemps, les vaccins ont été incriminés dans la genèse de ces tumeurs.
Actuellement, l’implication de la vaccination et des vaccins semblent con-sensuellement abandonné. En revanche, le rôle prépondérant des traumatismes répétés (dont les injections font partie, quel que soit le produit injecté) semble confirmé. Les traumatismes créent une inflammation sous cutanée chronique qui fait le lit de la tumeur. Par ailleurs, on a mis en évidence des sensibilités individuelles spécifiques.
DESCRIPTION
Le fibrosarcome se présente sous la forme d’un nodule sous cutané de taille variable situé préférentiellement entre les omoplates mais pouvant également être localisé sur le thorax, sur les flancs, le dos ou les lombes. Ce nodule peut-être librement mobilisé ou au contraire attaché aux tissus sous-jacents. Il n’est pas douloureux et la peau n’est pas modifiée, au moins au début de l’évolution. La vitesse d’évolution de la tumeur est très variable.
DIAGNOSTIC
La localisation, l’aspect, la forme et l’évolution de la tumeur orienteront votre vétérinaire vers une hypothèse de fibrosarcome. La confirmation du diagnostic se fait par un prélèvement (ponction ou biopsie) et une analyse histologique.
Le diagnostic de fibrosarcome est relativement aisé. Cependant, afin de préciser le pronostic et d’envisager les mesures thérapeutiques les plus justes, votre vétérinaire peut être amené à vous proposer des examens complémentaires. En effet, cette tumeur présente la particularité d’être très infiltrante et agressive localement : la visualisation de cette infiltration par le biais d’images I.R.M. ou de scanner permet d’envisager et de planifier au plus juste la chirurgie et de vous proposer une thérapie complémentaire.
Des examens complémentaires permettant la recherche de métastases peuvent également vous être proposés. La radiographie permet la détection de tumeurs pulmonaires d’une taille supérieure à 7-9 mm, si bien que l’absence d’image radiologique évoquant une métastase n’élimine pas complètement le risque de présence d’une métastase pulmonaire. L’I.R.M. et le scanner sont des méthodes de détection bien plus fines. Les principaux écueils de ses excellents outils diagnostics sont leur coût et leur disponibilité.
TRAITEMENT
Le traitement du fibrosarcome sera d’autant plus efficace qu’il sera mis en ouvre précocement.
Plus la tumeur est petite plus les chances de réussite sont grandes. La conduite du traitement sera fonction des résultats histologiques et des éventuels résultats d’imagerie médicale.
L’objectif du traitement est d’agir vite et fort. La chirurgie doit permettre d’enlever la tumeur en bloc ainsi que des marges de sécurité d’au moins 2 cm, dans toutes les directions. Les récentes améliorations en termes d’anesthésie, d’analgésie et de chirurgie permettent d’opérer actuellement les chats atteints de fibrosarcome dans des conditions confortables pour l’animal.
Dans bien des cas, en fonction de l’infiltration de la tumeur et des possibilités chirurgicales, une radiothérapie adjuvante est indiquée. Cette radiothérapie fait immédiatement suite à la chirurgie, après le retrait des fils. Elle consiste en l’application, dans la zone cicatricielle, de fils d’iridium 192 qui sont laissés en place pendant quatre jours. Pendant ce temps, le chat est hospitalisé afin de respecter les règles de radioprotection. Il peut y avoir des complications radiodermite, de défaut de cicatrisation et d’ulcères. La radiothérapie externe est une autre possibilité : elle nécessite alors plusieurs séances espacées sur plusieurs semaines. Le choix de la technique dépend de la tumeur, des résultats histologiques, des résultats des examens complémentaires et des possibilités chirurgicales mises en place.
L’écueil de cet excellent outil thérapeutique est encore une fois sa disponibilité.
Une chimiothérapie peut également être proposée. À l’heure actuelle, elle ne peut être considérée que comme un traitement palliatif. Les recherches se portent actuellement sur l’utilisation de thérapies ciblées, dirigées spécifiquement contre certains facteurs de croissance ou facteurs de l’inflammation mis en évidence dans l’évolution de ces tumeurs. Les résultats sont prometteurs mais ces techniques ne sont pas encore disponibles en routine.
PRONOSTIC
Le pronostic du complexe fibrosarcome félin dépend de l’étendue de la lésion, de la précocité de sa prise en charge, et de l’exérèse chirurgicale. Il est donc primordial de s’inquiéter de tout petit nodule sous-cutané identifié sur votre chat. Il s’agit de tumeurs très agressives et très infiltrantes, plus tôt elles seront détectées, moins les dégâts seront importants, plus l’exérèse chirurgicale sera possible et complète.
Les récidives sont particulièrement fréquentes, elles apparaissent en général dans les trois mois qui suivent l’intervention si celle-ci n’a pas permis l’exérèse totale de la tumeur. Les données actuelles montrent que lors de chirurgie seule, seuls 35 % des animaux n’ont pas récidivé un an après leur chirurgie et 10 % n’ont pas récidivé après deux ans. Les études concernant l’association d’une chirurgie large et d’une radiothérapie adjuvante montrent des résultats satisfaisants et encourageants (médiane de survie de l’ordre d’une quarantaine de mois).
PRÉVENTION
Il est actuellement établi que des traumatismes répétés favorisent l’apparition de fibrosarcomes chez le chat et que des sensibilités spécifiques existent. Les vaccins actuellement utilisés sont désormais hors de cause. Le réel bénéfice de la vaccination pour les chats d’extérieur est une évidence. De nombreuses questions restent cependant en suspens quant au choix du site d’injection du vaccin ou de tout autre produit.
Chaque intervention de la part de votre vétérinaire fait appel à une balance bénéfice /risque sur laquelle vous pouvez le questionner.
Les méthodes de prévention d’apparition de fibrosarcome ne sont toujours pas définies. Un certain nombre d’éléments ont été mis en avant et de bonnes pratiques sont actuellement mises en place par les vétérinaires. En ce qui concerne le traitement, il doit être le plus précoce possible et inclut idéalement chirurgie et radiothérapie.