L’infection par le FeLV ou leucose féline : « le baiser qui tue »
La leucose féline est la maladie due à l’infection par le virus leucémogène félin (FeLV) : elle se caractérise par une immunodépression, une anémie et/ou un lymphome. Le virus (retrovirus) a été découvert dans les années 60 et le test qui a permis de le mettre en évidence à été développé en 1973.
La quantité de chats infectés varie de 1 à 20 % selon les régions. L’utilisation de tests de diagnostic et de vaccins fiables a permis la diminution de l’infection, depuis les 20 dernières années, cependant, elle demeure l’une des causes principales de mortalité non-accidentelle chez le chat.
Le FeLV est l’un des deux virus immunodépresseur du chat. Il est à différencier du virus dit du « sida du chat » : le FIV.
TRANSMISSION, CONTAMINATION
La leucose se transmet par la salive, l’urine, les fèces, les sécrétions nasales, les larmes, le sang ou le lait de chat infecté par le virus. Elle se transmet au cours de contacts dit «amicaux » (toilettage mutuel, partage de gamelles, de litières) ou lors de morsure.
Les contaminations indirectes par le matériel ou l’homme sont possibles mais rares puisque le virus est rapidement détruit dans le milieu extérieur. Chez les chattes infectées gestantes, on constate généralement une résorption embryonnaire, une mortalité à la naissance ou la naissance de chatons qui dépérissent. Le chaton est particulièrement sensible à l’infection par le FeLV et la résistance au virus se développe avec l’âge. Il peut être infecté in utéro (voie transplacentaire) ou par le léchage de la mère. Les chats atteints sont le plus souvent des mâles, âgés entre 1 et 6 ans. Il n’y a pas de transmission à l’homme.
SIGNES CLINIQUES
La symptomatologie de l’infection par le FeLV est complexe et répond au « voyage » et à la localisation du virus dans l’organisme. Quand un chat est exposé à ce virus, il peut réagir de différentes manières et ce, en fonction de la réactivité de son système immunitaire. Les différentes possibilités sont :
La neutralisation du virus (30 %) : élimination du virus par la réponse immunitaire.
La virémie (virus dans le sang) persistante (40 %) : mauvaise réponse immunitaire avec possibilité de prolifération tumorale (lymphome, leucémie) ou de maladies dégénératives.
La latence (30 %) : période transitoire pendant laquelle le système immunitaire ne permet pas l’élimination du virus car il se cache dans les cellules. Il ne s’y multiplie pas. Ensuite, l’évolution sera soit une virémie, soit une neutralisation.
Les porteurs sains (1 %) : le virus réside dans le tissu épithélial et s’y multiplie. La production d’anticorps par le chat permet de garder le virus localisé à l’épithélium.
Globalement, un chat infecté a une chance sur deux d’éliminer naturellement le virus en quelques semaines ou quelques mois.
Les chats FeLV positifs peuvent rester « asymptomatiques » (ne présentant aucun signe clinique) pendant des mois, voire des années. Ils sont cependant contagieux pour les autres chats. Les symptômes les plus précoces sont de la fièvre, de l’anorexie, une perte de poids, un abattement, des troubles respiratoires, des infections gingivales…
Le FeLV est un oncovirus, c’est-à-dire un virus capable de déclencher des tumeurs. On rencontre donc dans 15 à 20 % des cas d’infection par le FeLV des lymphosarcomes (cancer des ganglions), mais aussi des leucémies et certains types de fibrosarcomes. Les chats infectés peuvent également souffrir d’anémie non tumorale, de maladies à médiation immune, de troubles de la reproduction, de maladies neurologiques, de troubles cutanés…
La plupart des chats virémiques persistants meurent dans un délai de deux ou trois ans après le diagnostic.
DÉPISTAGE ET DIAGNOSTIC
Le diagnostic est le résultat d’une démarche qui permet d’identifier la maladie d’un animal à partir de symptômes et de signes cliniques que celui-ci présente et à l’aide d’éventuelles investigations complémentaires. Le test sérologique de recherche du FelV permet alors la confirmation d’une hypothèse diagnostique établie à la lumière de l’ensemble des signes cliniques et des éventuels résultats d’examens complémentaires (numération formule sanguine).
Le dépistage est la recherche de la présence d’une affection inapparente par des examens effectués de façon systématique dans une collectivité. Le dépistage de l’infection par le FelV doit se faire avant toute vaccination, lors d’introduction d’un chat dans un effectif déjà constitué et au moins 1 mois après un contact à risque (contact avec un animal de statut inconnu, bagarre ou morsure).
Le dépistage est la recherche de la présence d’une affection inapparente par des examens effectués de façon systématique dans une collectivité. Le dépistage de l’infection par le FelV doit se faire avant toute vaccination, lors d’introduction d’un chat dans un effectif déjà constitué et au moins 1 mois après un contact à risque (contact avec un animal de statut inconnu, bagarre ou morsure).
Pour le dépistage ou le diagnostic, les mêmes tests vont être utilisés ; ils consistent en la recherche dans le sang d’un antigène, c’est-à-dire une partie du virus. Cependant, aucun test n’est fiable à 100 % et l’animal peut se débarrasser du virus au bout d’un certain temps (variable selon les individus). Tout résultat doit donc être interprété en fonction de l’état de santé du chat et des risques d’infection. Lors de dépistage systématique, dans les populations où la quantité de chats infectés est faible, un test positif doit être confirmé par des examens de laboratoire (examen PCR) et/ou renouvelé ultérieurement. Certains chats peuvent également éliminer le virus en quelques semaines ou quelques mois ; là encore, le renouvellement du test est nécessaire.
Un test négatif peut également être ambigu : animal indemne, dosage trop précoce, animal infecté latent. Dans certains cas, dans un contexte évocateur, il peut être nécessaire de confirmer ces résultats, soit par le renouvellement ultérieur du dosage des antigènes, soit par des recherches de laboratoire (PCR).
CONDUITE À TENIR
Étant donné le mode de transmission du virus un chat séropositif doit être isolé des autres chats. Il doit être entretenu avec attention. Une alimentation de bonne qualité et équilibrée est importante. Il faut éviter la viande et les oeufs crus, ainsi que le lait non pasteurisé qui peuvent être source d’infection bactérienne ou parasitaire et préférer donc une alimentation industrielle. Les traitements contre les parasites externes (puces, tiques) sont réalisés tous les mois ; les traitements contre les parasites internes sont réalisés au moins quatre fois par an. On conseille un suivi chez le vétérinaire deux fois par an. C’est l’occasion de réaliser un examen de la cavité buccale, des yeux, des nœuds lymphatiques, du poids… Et de faire des examens complémentaires (numération formule sanguine, analyse d’urine) permettant mettre en évidence une infection ou un déficit immunitaire. La stérilisation est vivement recommandée afin d’éviter la contamination des congénères et de limiter le stress lié aux chaleurs et les tentatives de recherche de partenaire. Le virus résiste peu dans le milieu extérieur et est inactivé par le nettoyage et la désinfection classique.
TRAITEMENT
Chez le chat infecté asymptomatique, aucun traitement n’est mis en place.
Le traitement médical est adapté à la maladie présentée par le chat. Les formes cancéreuses peuvent être prises en charge par de la chimiothérapie. Certains protocoles sont encourageants mais les médianes de survies restent modestes (150 à 240 jours).
Dans les autres cas des mesures de soutien des fonctions vitales sont mises en place (transfusion, perfusion). Les infections secondaires sont traitées rapidement. L’utilisation de l’interféron vétérinaire permet d’augmenter l’espérance de vie dans les formes peu avancées.
La chimiothérapie ou l’utilisation de l’interféron peuvent être des traitements lourds pour votre animal et coûteux.
VACCINATION
Le bénéfice de la vaccination contre le virus de la leucose féline est indéniable pour les chats en bonne santé ayant accès à l’extérieur.
La vaccination ne se pratique que sur des chats séronégatifs. Il n’y a aucun bénéfice à vacciner les chats séropositifs (cependant, la vaccination accidentelle d’un chat séropositif n’est pas délétère pour sa santé). Il faut donc tester les chats avant de les vacciner.
La première injection chez le chaton doit être pratiquée vers l’âge de 8 – 9 semaines avec un rappel 3 à 4 semaines plus tard. On peut conseiller, selon le contexte, un rappel à l’âge de 4 mois. Dans tous les cas, un rappel 12 mois plus tard est nécessaire. Ensuite les rappels sont annuels au moins jusqu’à l’âge de trois ans.
RÉGLEMENTATION
L’infection par le virus se leucémogène félin est reconnue par le législateur, selon le décret n°90-572 du 28 juin 1990, comme un vice rédhibitoire. Un vice rédhibitoire est un défaut légalement réputé grave, caché et antérieur à la vente. Le décret d’application a fixé à 15 jours après la livraison le délai pour faire établir par votre vétérinaire un diagnostic de suspicion.
L’infection par le FelV est une maladie complexe et gravissime. Même si son incidence, par le biais de la vaccination tend à diminuer, elle reste l’une des maladies infectieuses les plus graves et les plus rencontrées chez le chat.