Traitement d’un lymphome rénal
CAS CLINIQUE 1 : « Cooper », un chat Européen, mâle castré de 3 ans est emmené en consultation pour anorexie et apathie.
Une néphromégalie sévère bilatérale est décelée à l’examen clinique, associée à une élévation modérée de l’urémie et la créatinémie.
A l’échographie, les deux reins sont de taille augmentée :
Rein D : 6.6 cm, Rein G = 4.7 cm (Normes = 3-4 cm).
Le cortex est hétérogène et hyperéchogène. La limite corticale externe est irrégulière. Un liseré anéchogène sous capsulaire pathognomonique d’une infiltration lymphomateuse est visible bilatéralement. Une vue rapprochée montre l’aspect tissulaire, et non liquidien de cette infiltration. Une légère pyélectasie est remarquée à droite.
Des cytoponctions à l’aiguille fine sont effectuées et confirment un lymphome rénal blastique de haut grade bilatéral. Compte tenu de la forte association Lymphome rénal/rétroviroses, une PCR FIV Leucose est effectuée sur sang total et est négative.
Une chimiothérapie est entreprise avec un protocole classique Vincristine ONCOVIN 1 mg sol inj™ : 0.700 mg/m2 en perfusion intraveineuse stricte et Prednisolone à 1 mg/kg/j.
L’état général de l’animal s’améliore mais la néphromégalie persiste. Est alors rajouté au protocole de chimiothérapie du Cyclophosphamide ENDOXAN 50 mg cp enrobés™ : 200 à 300 mg/m2 per os toutes les 3 semaines, soit pour ce chat un comprimé à 50 mg toutes les 3 semaines per os.
Très rapidement la néphromégalie s’estompe et l’état clinique s’améliore fortement. Un contrôle échographique montre une rémission totale de l’infiltration sous capsulaire.
Par contre, des signes échographiques d’insuffisance rénale chronique sont alors présents avec atrophie nette du rein droit, contours irréguliers, mauvaise délimitation cortico médullaire et de l’architecture rénale interne.
Des signes d’infarctus rénaux, séquelles d’oblitération des artères interlobaires rénales sont visibles : présence cicatricielle de zones corticales triangulaires hyperéchogènes en dépression (rétraction cicatricielle).
Une analyse d’urines montre une densité de 1.030 associées à une protéinurie modérée. L’urémie et la créatinémie sont dans la norme.
La mesure de pression artérielle est dans la norme : Artère médiane du membre antérieur : PAS = 130 mm Hg, PAD = 100 mm Hg (Normes chat : PAS : 110-120, PAD : 80-90)
L’échocardiographie ne montre pas d’hypertrophie des parois myocardiques : paroi postérieure mesurée à 4 mm en diastole, et septum interventriculaire mesuré à 3.6 mm en diastole (Normes < à 6 mm)
Un an après le diagnotic d’un lymphome rénal sans équivoque établi, la chimiothérapie est arrêtée progressivement. A ce jour, la rémission est toujours complète.
Ce cas illustre la possibilité chez l’animal de rémission complète lors de processus néoplasique. Cette rémission a été permise par un diagnostic et une chimiothérapie précoce, sur une tumeur chimiosensible.
L’intérêt du cas est aussi de montrer l’importance de la polychimiothérapie, avec essai successif de différentes molécules. Dans le cas de cet animal, l’ajout de cyclophosphamide a été salvateur. Le cyclophosphamide n’est disponible qu’en comprimé, d’une utilisation peu aisée chez le chat. De plus une toxicité gastro intestinale peut rendre son emploi délicat dans cette espèce. Son administration sera préférée le matin pour éviter un contact prolongé avec la muqueuse vésicale à l’origine de cystite hémorragique. Une aplasie médullaire maximale 7 jours après administration sera également surveillée.
L’emploi de Doxorubicine ou Adriamycine est évité dans cette configuration du fait de sa toxicité rénale cumulative.
ANNEXES
Cooper